Gros temps

12 novembre 2011 par Fred

La météo annonce un vent de Sud-Est force 4 à 5 pour l’après midi et du mauvais temps pour les prochains jours. Nous décidons donc de nous abriter au port de Carry le Rouet. Nous quittons notre mouillage du Frioul à 14h. Dès les premiers instants de navigation, je remarque que la houle ne correspond pas au vent qui ne souffle qu’à 15 nœuds.

Une heure plus tard, le vent est monté à 20 nœuds. Les rafales montent régulièrement à 25 nœuds mais nous sommes au portant et nous avons encore toute la toile. La mer se creuse. Nous ne sommes pas très loin de Carry (très reconnaissable à un immeuble de 16 étages qui défigure la côte) et ça va bien tenir comme ça. Un peu plus tard, nous sommes dans le port. Le ponton d’accueil est tout de suite à droite en entrant, juste derrière la digue. Je décide de mettre le bateau face au vent, l’étrave vers le quai.

Au vu de la météo qui annonce du force 6 à 7, nous savons que nous allons rester là plusieurs jours. La capitainerie nous annonce une bonne nouvelle : les sanitaires sont en travaux, il n’y a donc pas de douche… Génial… Les deux premières nuits se passent sans encombre.

3 Novembre. En fin d’après midi, le vent monte. La mer commence à rentrer dans le port. Le bateau bouge de plus en plus. Je double les amarres à l’avant. A l’arrière, nous sommes sur une bouée et le long bout que nous avons mis devrait faire l’affaire. Je ne me sens pas très bien. Je vais faire un petit tour à terre.

21 heures. Le vent souffle à 30-35 nœuds, rien d’extraordinaire. Mais la mer rentre de plus en plus ! Malgré les ressorts montés sur les amarres, le bateau rappelle violemment. On se croirait en pleine mer ! Bang ! Une amarre vient de casser. J’enfile les bottes, le ciré et je sors. La mer passe par dessus la digue. Je me fais copieusement rincer… Je n’ai jamais vu un port aussi mal protégé. Je reprends mon amarrage. Mes amarres ne sont pas protégées (les vieux bouts de tuyaux que j’avais n’ont pas résisté plus de quelques minutes) et elles vont se cisailler les unes après les autres…

Une voisine de ponton vient me voir :
– Tout va bien pour vous ?
– Je viens de péter une amarre. Pour l’instant ça ne va pas trop mal. Mais j’ai peur d’en casser d’autres. Il est vraiment mal abrité ce port… Je n’ai jamais vu ça ! Et vous ?
– On est à coté du gros bateau en bois, il a arraché deux taquets sur le ponton et casse amarres sur amarres. On essaie de s’amarrer directement sur le ponton.

Je les rejoins et propose mes services au cas où. Le gros bateau (20 tonnes !) a démarré son moteur. Il restera ainsi toute la nuit à veiller. Un employé de la capitainerie nous a rejoint. Il le fait s’amarrer directement sur les « bracons » qui retiennent le ponton à la digue. Je lui demande s’il n’a pas des bouts de tuyau. Nous filons dans la remise et trouvons un tuyau en bon état. Il m’en coupe deux morceaux à la longueur que je souhaite. Merci ! Je file pour installer ça. En rentrant dans le bateau, nous préparons nos affaires au cas où nous devrions quitter précipitamment le bateau.

2 heures. Je me réveille en me demandant comment j’ai réussi à m’endormir tellement la situation est inconfortable. Christelle me dit qu’elle a entendu un grand bruit. Je me rhabille et ressors. Une amarre a encore cassé malgré le tuyau de protection. J’en installe une nouvelle… Je retourne me coucher. Au matin, ça se calme un peu mais le bateau est toujours violemment secoué. Toute la journée, nous restons allongés pour essayer de dormir et récupérer de la nuit passée, mais aussi pour limiter les effets du mal de mer qui nous guette.

En fin d’après midi, le vent monte à nouveau. La mer rentre de plus en plus fort. Les rafales sont longues et puissantes. 40 nœuds. Le bateau est constamment sous les vagues qui passent par dessus la digue. Je sens Christelle de moins en moins rassurée. Je lui propose de quitter le bateau. Une première fois elle refuse. Le vent monte encore. Christelle ne dit plus rien… Je repose ma question… Oui !

Par sécurité, j’ai amarré le bateau loin du quai. Christelle ne sait pas comment descendre. Je mets le moteur en route pour rapprocher le bateau. Doucement, je mets les gaz. Plus fort, elle ne descend pas… Presque à fond, ça y est elle est descendue. Je coupe. 18 chevaux, c’est léger… Je file lui passer les deux sacs préparés la veille. Avant de quitter le bateau, je jette un œil sur l’anémomètre : 45 nœuds.

5 Novembre. La douche, puis la nuit à l’hôtel ont été réparateurs. Au matin, conformément aux prévisions, le vent s’est bien calmé. Nous avons cassé une troisième amarre et une quatrième est bien usée. Mais les autres ont tenu. En revanche l’amarrage de notre voisin est différent de la veille. Ça a dû frotter dans la nuit et nous a laissé quelques traces sur la coque…

La météo annonce du Sud-Est force 4 à 5 localement 6. Le mauvais temps devrait revenir en début de semaine suivante. Ma décision est prise : on quitte Carry direction Port Saint Louis ! Au moins, là bas on sera à l’abri ! Je vais à la capitainerie. Plus de 19 € par nuit pour un port aussi mal abrité et sans douche, auquel il faut ajouter les 74 € de la nuit d’hôtel et les 4 amarres qu’il faudra remplacer, je trouve la note plus que salée. Merci le port de Carry !

Nous avalons rapidement un sandwich et nous quittons le port peu avant midi. Le vent souffle de Nord Est à 10 nœuds. La houle est moins importante que je ne l’aurais crû. Parfait pour l’instant. Nous prenons un orage vers midi et demi. La visibilité tombe. Le vent tombe et tourne dans tous les sens. Je ne veux pas trainer. Moteur ! Une demi heure plus tard, le vent s’est rétabli au Nord-Est à 10-12 noeuds.

13h40. Nous avons passé la bouée Ouest de Carro depuis vingt minutes et faisons route au 310° dans le golfe de Fos. Un deuxième orage éclate. Le vent monte à 20 nœuds. J’envoie Christelle prendre un ris. Mais à peine a-t’elle repris la bosse de ris que le vent monte brutalement à 35 nœuds.
– Choque ! Choque ! Choque !
J’empêche le bateau de partir au lof.
– On affale la Grand Voile !

Christelle file à nouveau au pied de mat. La voile bat violemment. J’ai peur qu’elle se déchire. Ça y est elle descend… Je rétablis le bateau sur le bon cap, le génois roulé au deux tiers, nous filons à 6 nœuds en fuite, plein vent arrière dans le golfe de Fos. La mer blanchit. Le bateau tient plutôt bien les vagues. On n’y voit pas à 10 mètres. Je demande à Chritelle de surveiller sur les cotés et derrière. C’est que le coin est fréquenté par des gros cargos, et je n’ai pas envie de me faire surprendre…

14h30. L’orage est passé et le vent s’est bien calmé. Nous renvoyons la toile. Une demi-heure plus tard, nous affalons à nouveau, cette fois-ci pour cause de pétole. Le canal Saint Louis n’est plus très loin. Moteur…

16h00. Le vent souffle à 4 nœuds. Le bateau avance tout doucement pour la prise de ponton. Christelle est à l’étrave, une amarre à la main, prête à descendre… Plouf ! Arrière toute ! Mais qu’est-ce qu’elle a foutu ??? En tous cas, le gilet de sauvetage auto-gonflant fonctionne bien !

Mots clés : Voile