Retour sur le continent

8 septembre 2012 par Fred

29 Août. Nous avons laissé passer le coup de vent et refait quelques provisions à Calvi. Les touristes sont partis d’un seul coup. Il n’y a plus que quelques bateaux dans le golfe de la Revellata. C’est à notre tour de partir. La météo nous annonce du vent force 2 à 5 entre Corse et continent pour les prochaines 36 heures. Cela nous semble être un bon créneau, même si le vent annoncé est plutôt de secteur Ouest – la traversée devrait donc se faire au près.

Nous quittons donc le golfe de la Revellata dans la matinée, au près dans un petit force 3. Au début, nous faisons face à une courte houle qui nous ralentit fortement. Nous progressons donc difficilement à 2-3 nœuds, parfois moins. Mais en fin d’après midi, le vent monte un peu et nous filons désormais à 4-5 nœuds. Que du bon !

Le vent mollit en début de soirée. La vitesse retombe… Je prends mon quart à 22h30. Le vent varie en vitesse et en direction, ce qui m’oblige à de fréquents réglages. A 4 heures, le vent tombe complètement. Je suis fatigué. Le mouillage le plus proche est encore à plus de 35 milles ! Je craque. Moteur ! Deux heures plus tard, Christelle me remplace à la veille. Il n’y a toujours pas de vent.

6h30. Le jour se lève à peine. Nous apercevons une lampe flash pas très loin à bâbord. Bizarre… Une lampe flash en pleine mer ??? Elle s’arrête quelques secondes et repart. Deux formes rondes à coté. L’adrénaline monte… Nous nous déroutons et approchons prudemment. Finalement ce ne sont que deux bouées marquant le casier d’un pêcheur.

Évidemment, a posteriori, on pourra argumenter que par un temps aussi calme, il eut été fort improbable de rencontrer un naufragé en pleine mer mais, la fatigue d’une nuit blanche aidant, j’y ai crû pendant quelques minutes…Si je tenais l’abruti qui signale ses casiers par des lampes flash ! Si la technique se répand, un jour on passera à coté d’un vrai naufragé sans se détourner…

7h00. On touche un peu de vent. Force 2. Ce n’est pas énorme, mais c’est déjà ça ! On coupe le moteur. Mais ça ne dure pas trois quarts d’heure. A nouveau le calme plat. Encore quatre longues heures de moteur. Je n’en peux plus ! Et nous jetons enfin l’ancre dans la rade de Villefranche.

Nous avons passé une bonne partie de l’après-midi à dormir, mais en fin de journée, le ciel se couvre de gros nuages noirs. Le vent commence à monter. 20 puis 25 nœuds. Avec des rafales. Plusieurs bateaux dérapent et tentent de remouiller plus loin avec plus ou moins de bonheur.

Un yacht reprend immédiatement la mer. Un navigateur solitaire italien qui n’a pas de guindeau renonce après deux tentatives et repart également en mer. Un autre bateau dérape sans personne à bord et tombe sur son voisin de derrière. L’équipage le fait glisser en essayant de limiter les dégâts. On se dit qu’il va partir au large, mais non, il s’arrête miraculeusement quelques dizaines de mètres plus loin.

Pour notre part, nous ne sommes pas très rassurés… L’alarme de mouillage du GPS est en route et je surveille notre position en permanence. Les cailloux ne sont pas très loin derrière… Le fond de la rade de Villefranche est essentiellement recouvert de posidonie et notre ancre ne tient rien là dessus. Bien sûr, nous avons pris soin de la poser sur une petite plaque de sable, mais celui-ci est grossier et ne doit pas être d’une tenue extraordinaire.

A un moment, Christelle qui observe dehors me dit: on glisse ! Le GPS m’indique également un petit saut de quelques mètres dans notre position. Avons nous glissé ou est-ce la chaîne qui a fini de prendre sa place ? Prudemment, on met le moteur en route, près à lever l’ancre et déguerpir. Nous resterons environ une heure ainsi…

Puis le vent se calme un peu. Christelle se met à l’eau pour aller voir l’ancre. Effectivement, nous avons bien glissé d’une demi douzaine de mètres. Du coup, nous décidons de remouiller pour replacer l’ancre dans la tâche se sable… Cette nuit, ce sera alarme de mouillage et alarme de vitesse de vent. Mais il n’y aura pas de nouvel orage…

01 Septembre. La météo annonce encore des orages pour plusieurs jours. Il n’est pas question pour nous de renouveler l’expérience de la veille et même si le ciel est menaçant, je préfère prendre un orage en mer plutôt que dans ce piège. On met les voiles !

A peine une demi heure après notre départ, je sens que c’est pour bientôt. Nous sommes au portant, alors il sera plus facile d’adapter la voilure si nous naviguons sous génois seul. Christelle affale la grand voile et quelques secondes après, le vent monte brutalement à 25 nœuds.

Nous continuons ainsi notre route au portant en bordure d’orage. Soleá file à 6 parfois 7 nœuds. Nous adaptons la surface du génois en fonction de la force du vent qui ne dépassera pas 30 nœuds. Vive l’enrouleur !

Nous contournons les îles de Lérins et arrivons dans la rade de Cannes. Ce n’est pas l’endroit rêvé pour un mouillage, mais là il y a du beau sable et on peut y attendre tranquillement et les orages, et le coup de vent de nord-est annoncé.

Mots clés : Voile