Une semaine à bord du Farr 65R

30 octobre 2009 par Fred

Inspiré des W60 de la Whitbread, le Farr 65 est un voilier conçu par le cabinet de Bruce Farr pour la « Millenium round the world race ». Cette course a permis à des équipages d’amateurs passionnés (et fortunés…) de faire le tour du monde à la voile en 1999 et 2000. Il est aujourd’hui encore possible de naviguer sur ces voiliers grâce à Ondeck.  Le Farr 65R Celeste of Solent, mis à l’eau en 2003, reprend la même coque, avec un gréement et des emménagements intérieurs différents.

Dès la première prise de contact, le Farr 65R impressionne par ses mensurations : 19,74 mètres de long, 5,17 mètres de large. Avec son mat en carbone de 30 mètres de haut, il est reconnaissable de loin… Mais il faut aussi faire attention au tirant d’eau de 3,05 mètres, y compris dans son port d’attache où on a vite fait de toucher la vase…

Le cockpit est immense et, à 13 sur le bateau, nous ne nous sommes jamais sentis à l’étroit. La bôme est très haute au dessus du cockpit ce qui permet de ne pas s’en soucier. Pendant la veille, 3 personnes peuvent prendre place à coté du barreur derrière les 2 grandes barres à roues en carbone. On y reste confortablement au sec, même par 30 nœuds de vent. Barrer est un vrai régal et le Farr 65R se dirige avec une très grande précision. Le lecteur de carte couplé à un GPS/AIS et pas moins de 8 répétiteurs reliés à la centrale de navigation (compas électronique, sondeur, speedo, girouette, anémomètre) permettent de gérer toute la navigation sur le pont !

A l’heure où certains chantiers navals « simplifient » au maximum les manœuvres en ne laissant parfois que deux winches, il y en a ici pas moins de 13 : Un winch central pour l’écoute de grand voile, deux pour le chariot de grand voile, deux pour les bastaques, deux reliés à un moulin à café pour les écoutes de génois, deux pour les écoutes de spi et enfin quatre sur le roof car toutes les manœuvres sont bien sûr renvoyées au cockpit. Il n’est toutefois pas inutile d’envoyer deux équipiers au pied de mat pour hisser les voiles.

Chaque manœuvre nécessite du temps et du monde. Les maitres mots sont anticipation et préparation. C’est la première chose que nous a expliqué le skipper. Sur un voilier de cette taille, les forces mises en jeu et la tension dans les cordages sont considérables. Mieux vaut vérifier deux fois que tout va bien se passer ! A titre d’exemple, dès que ça souffle un peu, affaler un reacher de 140 mètres carrés nécessite cinq personnes sur la plage avant… Impossible à faire la nuit sans réveiller une partie de l’équipage.

Coté performance, le Farr 65R ne déçoit pas. On atteint très facilement 8 nœuds au près. Et le voilier ne demande qu’à surfer la moindre vague au portant. Nous avons atteint 14 nœuds bien que nous n’ayons jamais hissé le spi.

J’ai tout de même relevé quelques défauts sur le plan de pont… La manivelle de winch de grand voile interfère avec l’écoute quand le chariot est au centre. Il faut donc une personne qui écarte l’écoute pendant qu’une autre borde la grand voile. Plus gênant, le passage entre le grand cockpit et la zone située en arrière des barres n’est pas aisé car on est gêné soit par les barres, soit par un coffre et le winch central.

Le quart est fini, nous descendons dans le carré. Je suis surpris par le calme et la chaleur qui règnent à l’intérieur. Il faut tout de même faire très attention dans le carré car celui-ci offre un large espace non protégé. Je trouve la table plutôt petite pour un bateau de cette taille. Elle n’a d’ailleurs pas été capable d’accueillir l’ensemble de l’équipage lors des rares repas que nous avons pris au port.

A l’avant, deux soutes accessibles du pont par de grands panneaux ouvrants et fermées à l’intérieur par des portes étanches servent de fourre-tout et permettent en particulier de stocker les voiles. En arrière, un cabinet de toilette qui fait toute la largeur du bateau sert principalement de placard à ciré. Enfin, on trouve une vaste cabine de propriétaire à tribord et deux couchettes superposées à bâbord. En navigation tout cela sert de lieu de stockage pour les sacs contenant les effets personnels de l’équipage.

En arrière du carré, on trouve une coursive sur chaque bord. On a la cuisine à bâbord avec réchaud 4 feux au gaz et un four électrique montés sur cardan, un immense frigo et deux éviers (eau chaude sous pression et eau de mer manuelle). Sur tribord, on a un second cabinet de toilette (le seul utilisé) et quelques rangements. Puis viennent au total huit couchettes de mer superposées réparties sur les deux bords. Celles-ci sont très confortables et équipées d’une toile antiroulis. Enfin un voilier où on peut dormir confortablement en mer ! L’espace entre les deux coursives est occupé par le moteur, deux grands frigos et enfin la table à carte bourrée d’électronique. Vient ensuite encore un grand fourre-tout accessible de l’extérieur (entre les deux barres à roue). Enfin tout à l’arrière, un grand espace occupant toute la largeur du bateau est réservé au mécanisme de barre et du pilote automatique.

La gestion du tableau électrique, des réservoirs d’eau et de gazole (7 fois 100 litres + un réservoir dit journalier) tous isolés par des vannes réclame une excellente connaissance du bateau. Sans le skipper, point de salut ! Le dernier soir, nous étions seuls à bord. Je n’ai jamais pu trouver le robinet principal de gaz…

En conclusion le Farr 65R est un voilier parfaitement adapté aux navigations en équipage sur plusieurs jours, sans doute parfait pour traverser un océan rapidement et confortablement. Et je retiendrais surtout le plaisir exceptionnel que j’ai eu à barrer Celeste…

Mots clés : Voile