Deux semaines à bord du Bongo 960

15 mai 2009 par Fred

Comme je l’ai déjà écrit, nous avons passé la deuxième quinzaine d’avril à bord d’un Bongo 960. Ce voilier de 9,60 m, comme son nom l’indique (!), conçu par l’architecte Pierre Rolland et fabriqué par le chantier 3C Composites est sorti en 2001. Nous avons navigué sur l’un des deux exemplaires acheté par les Glénans en 2004. Après 5 ans de navigation, celui-ci affichait déjà plus de 32000 milles au loch !

Le Bongo 960 a fait l’objet d’un article dans Bateaux en Juillet 2003, ainsi que dans d’autres revues nautiques dont je ne dispose pas. Évidemment, je suis très loin d’avoir l’expérience des journalistes qui alignent les essais à longueur d’année. Cela faisait même 3 ans que je n’avais pas navigué… Ma seule prétention est de livrer mes impressions sur ce bateau…

De toute évidence, 32000 milles en école de voile, cela devrait marquer un bateau ! Mais celui-ci m’a paru pour l’essentiel très présentable. Seuls quelques ennuis électriques étaient à noter (girouette anémomètre et éclairage d’un compas HS). Les câbles électriques apparents ne sont peut-être pas étrangers à ces problèmes. L’accastillage est impeccable. Le moteur Volvo tourne comme une horloge et seule l’hélice bec de canard, qui a priori ne se déplie pas toujours parfaitement, nous a parfois un peu gêné lors des manœuvres de port. Les voiles, agées de 1 à 2 ans, étaient plutôt en bon état, même s’il a fallu attendre le dernier jour pour comprendre comment régler ce foutu génois au près. Bref, tout cela pour dire que ce bateau est en très bon état, ce qui prouve plus la qualité du travail réalisé par l’équipe technique des Glénans que son éventuelle meilleure fiabilité comparée à ses concurrents.

La carène du Bongo 960, très large (3,70 m, cela fait grimper les tarifs dans les ports…), est typique des dessins de l’architecte Pierre Rolland. Elle est conçue pour le planning mais n’ayant pas porté le spi au delà de 3 Beaufort, nous n’avons malheureusement pu profiter de tout son potentiel. Nous avons tout de même fait quelques pointes à 10 nœuds… Il en aurait sans doute fallu à peine plus pour le faire décoller. Le bateau est un peu moins à l’aise au près dans le clapot, mais avec 80° bord sur bord, le cap m’a paru tout de même excellent. La stabilité de route est également excellente a toutes les allures, sans doute grâce aux deux safrans. C’est peut-être le revers de la médaille, mais j’ai trouvé la barre un peu ferme, sans que cela ne soit trop gênant. Enfin, nous avons constaté que le Bongo 960 n’aimait pas la gite et il ne faut donc pas hésiter à réduire la toile très tôt. On y gagne à la fois en vitesse au près et en confort.

Il semblerait que le cockpit en T ait été conçu pour un équipage très réduit, voire carrément un solitaire. A trois, c’est confortable. Le quatrième cherche sa place, à cinq on se marche dessus ! On s’assoit confortablement et les cale-pieds sont efficaces. J’ai trouvé les barres un peu courtes. Ce n’est pas gênant en navigation car je n’utilise que le stick, mais un peu plus dans les manœuvres de port que je préfère effectuer debout avec la barre bien en main. C’est désormais classique, toutes les manœuvres reviennent au cockpit. En revanche, l’architecte s’est complètement loupé sur la position des winches de cockpit. Dès qu’on navigue au travers ou au portant, l’écoute de grand voile interfère avec la manivelle de winch, ce qui est vraiment très agaçant ! Au rang des défauts, il faut vraiment bien brasser le tangon pour éviter que le bras de spi appuie sur la filière au vent.

Tout l’accastillage m’a paru parfaitement bien dimensionné. Nul besoin de forcer comme une brute… Il faut juste parfois mettre 4 tours sur le winch pour que le self tailing morde bien. La puissance du palan de pataras est impressionnante ! En revanche, je n’ai pas aimé l’absence de balancine de bôme (ou à défaut de hale bas poussant). C’est très gênant pour hisser et affaler la grand voile (sans parler des prises de ris). Il y a aussi les bloqueurs de chariot de grand voile qui ne restent pas toujours en place lors des virements ou empannages… Enfin, on peut regretter l’absence de dispositif pour bloquer le tangon de spi à plat pont lorsque celui-ci ne sert pas.

Pour l’amarrage, les quatre chaumards sont parfaitement situés. Mais pour les manœuvres de mouillage, la place est un peu comptée à l’étrave. Un seul équipier doit donc faire le boulot. Il est aussi difficile de trouver la place de passer l’ancre entre l’étai et le balcon pour la placer dans le davier. Il faut donc soulever l’ancre au dessus du balcon… A l’arrière, il n’y a pas vraiment de jupe, mais le cockpit étant complètement ouvert, l’accès à bord du Bongo 960 depuis une annexe est très aisé. Le coffre de cockpit est très grand, mais une fois de plus, la survie ne trouve pas de position très accessible. Je me demande si un seul architecte naval a déjà entrepris l’évacuation d’un équipage complet en moins de cinq minutes…

En descendant à l’intérieur du Bongo 960, on tombe directement sur la cuisine constituée d’un réchaud double à tribord et d’un double évier situé en face de la descente. Ni frigo ni glacière mais deux profonds équipets très pratiques en navigation. A babord on trouve la table à carte. Le navigateur peut parfaitement se caler debout contre la cuisine, mais il obstrue le passage vers l’avant. Le siège à coté de la table à carte est inutile et aurait pu être avantageusement remplacé par un coffre.

A l’arrière, on trouve une grande soute (et les toilettes) à babord et une couchette double à tribord. Une deuxième couchette double est disposée à l’avant du bateau. On tient confortablement à cinq autour de la table du carré qui se rabat d’un coté pour libérer la circulation vers l’avant. Aucune porte, mais de simples rideaux. C’est simple… et léger ! L’absence de planchers allège également le bateau et facilite le nettoyage !

Seules les banquettes du carré (un peu étroites pour les grands gabarits) sont équipées de toiles anti-roulis. C’est suffisant pour un équipage réduit… Mais nous étions cinq. C’est bien connu, un voilier n’est jamais assez bien ventilé. Celui-ci ne fait pas exception à la règle. Quand on dort, cela condense beaucoup… et le matin il pleut dans le bateau !

En conclusion, le Bongo 960 est un bateau facile à manoeuvrer et définitivement tourné vers le plaisir de navigation à trois ou quatre. On est bien mieux sur le pont qu’à l’intérieur et il ne faut pas être exigeant sur le confort, car le bateau devient rapidement humide. Pour passer la nuit, on est donc plus à l’aise au port avec un chauffage d’appoint pour sécher le bateau qu’au mouillage ou en navigation. Toutefois, au contraire d’un pur monotype de régate, l’équipement permet de s’offrir ces plaisirs pour une nuit ou deux, surtout si la météo est clémente.

Mots clés : Voile